Page:Thomas - Gustave ou Un héros Canadien, 1901.djvu/246

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
gustave

— C’est vraiment remarquable, dit George ; je ne peux comprendre comment une eau et une vase aussi noires puissent former ce qu’on pourrait appeler une crème si blanche et si belle.

Aussitôt que les wagons arrivent, les hommes, les femmes et les enfants s’empressent de se procurer une bonne quantité de ce soda ; ils le coupent en petits morceaux, et le mettent dans des sacs pour le conserver.

Ce soda produit sur les pâtisseries le même effet que la poudre allemande de nos jours.

À quelques milles plus loin, sont les sources à goudron (Tar Springs). On y voit plusieurs trous carrés remplis d’une eau blanche sur laquelle flotte une graisse noire et épaisse, ressemblant en tout point au goudron chaud.

— Voici le miel, s’écrie Gustave, mais comme il est noir ! C’est à n’y rien comprendre ; là-bas, l’eau est noire et la crème blanche, ici c’est tout le contraire, l’eau est blanche et la crème noire.

— Ne savez-vous pas que tout est nouveau dans la nouvelle Jérusalem ? dit George.

— Et nous verrons bien d’autres choses, ajoute Arthur.

— Pourvu que ce soit pour le mieux, dit Gustave.

Ici encore, comme au lac au Soda, les gens de notre caravane, munis de petites chaudières, vont les remplir pour graisser les essieux de leurs wagons.

Enfin, on arrive au fort Bridger, à cent cinquante milles en deçà de la ville du Lac-Salé, et notre caravane campe au pied de ses murs.

Ce fort était en ce moment occupé par un détachement de la milice mormonne, désignée sous le nom de « Destroying Angels » (anges destructeurs) ; ce détachement était le plus brave de toute leur armée, et avait été organisé par Joseph Smith lui-même pour lui servir de garde personnelle.

Tout le monde de notre caravane était joyeux ; les