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gustave

Gustave tire son crucifix et le lui présente en disant  :

— Jurez-vous sur ce crucifix que vous dites la vérité ?

— Ah ! un crucifix ! s’écrie cet homme en français et s’empressant de l’embrasser. Oui, je jure sur cette croix, ô mon Dieu, que je dis la vérité.

— Vous êtes donc Canadien ? dit Gustave dans la même langue.

— Oui, monsieur, mon nom est Pepin.

— Alors, je vous crois, dit Gustave en lui tendant la main ; un Canadien ne saurait mentir sur la croix.

Puis, se tournant du côté de ses hommes, il ajoute en souriant :

— Veuillez tirer les trois coups de carabine, messieurs, la caravane doit être impatiente d’avoir des nouvelles.

À peine eurent-ils tiré, que des cris joyeux et des « hourra » se font entendre du côté de la caravane.

— On est content de ce signal, dit Gustave.

— Oui, répond George, je vous assure que l’on craignait beaucoup pour nous ; l’on s’attendait à autre chose qu’un simple incendié de wagons et d’effets.

— C’est déjà beaucoup trop, dit Arthur ; c’est un crime de faire brûler des provisions, don de Dieu, pendant que tant de pauvres en sont privés.

— Et dire que ces actes sont commis par ces saints du dernier jour, dit M. Pepin, tout joyeux de se retrouver avec des amis.

— Hâtons-nous de nous rendre à ce feu, dit Gustave, et essayons de sauver quelque chose si c’est possible.

Tous se rendent au galop sur le lieu du sinistre, et parviennent à arracher aux flammes plusieurs poches de farine, quelques boîtes de biscuits et des couvertures de laine.

M. Dumont vient au galop, suivi du capitaine ; les wagons, emportés rapidement par les bœufs, les suivent de près, en faisant un bruit semblable au roulement du tonnerre.