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Après avoir fini de les assermenter, Gustave les fait tous avancer devant le capitaine.

— Grand chef, dit-il en s’adressant à ce dernier, ces braves viennent de jurer que ni eux, ni personne de leurs tribus ne repaîtront jamais sur votre chemin ; je Leur ai fait connaître la vengeance terrible que vous exerceriez sur eux dans le cas contraire. Je vous les livre, à vous de prononcer leur sentence.

Les sauvages, tremblants, n’osent lever la vue sur ce chef terrible, et attendent avec anxiété le jugement qu’il va prononcer.

— Qu’on les délie tous, à part de trois de leurs chefs, dit le capitaine d’une voix farouche ; ces derniers, je les garderai comme otages jusqu’au fort Bridger. Si jamais un seul d’entre vous viole son serment, je lui ferai aussitôt arracher la langue.

Les hommes de l’avant-garde et de l’arrière-garde commencent à délier les prisonniers qui, une fois libres, viennent témoigner leur reconnaissance à Gustave en lui embrassant les mains, puis se retirent tout joyeux.

Quant aux trois chefs, ils furent libérés deux jours après, sur la demande de notre héros.

En partant, ces chefs lui dirent :

— Si notre frère repasse dans ce pays et qu’il ait besoin de nous, qu’il vienne nous trouver, il verra que le sauvage sait reconnaître ce qu’on lui fait.

Comme cet événement avait causé un grand retard, il fut résolu de partir tout de suite, quoique le soleil fût déjà bas, et de marcher une bonne partie de la nuit.

Un peu avant minuit, l’avant-garde qui venait de contourner un gros rocher, aperçoit une lueur en avant.

— Que peut signifier cette lueur ? demande George.

— Un feu tout simplement, répond Gustave en souriant. Mais qui l’a allumé ? c’est une autre question.

— Une tribu sauvage, probablement, dit Arthur, pour célébrer une victoire remportée sur une tribu voisine.