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— Mais je ne les condamnerai pas à la mort, dit Gustave ; l’effusion de leur sang serait une barbarie de notre part. D’ailleurs, Dieu permettra que nous repoussions toutes leurs attaques.

— Faites ce que vous voudrez, s’écrie la majorité ; ce que vous ferez sera bien fait.

Gustave fait signe aux prisonniers d’approcher.

On s’empresse d’obéir.

— Quelqu’un parmi vous parle-t-il l’anglais ? leur demande Gustave. Si oui, venez en avant.

Trois d’entre eux se présentent.

— Pourquoi, dit Gustave en prenant un ton grave, couriez-vous après nous avec des flèches et des fusils et en poussant des cris féroces ? N’était-ce pas pour nous tuer et nous piller ?

— Notre frère se trompe ; nos intentions étaient pacifiques, nous nous rendions à nos wigwams (tentes).

— Vous mentez, dit Gustave d’un ton sévère ; ne savez-vous pas que le mensonge ne servira qu’à aggraver votre position ? J’étais décidé de vous accorder la vie et la liberté, mais si vous ne dites pas la vérité, vos compagnons et vous allez mourir immédiatement. Je sais que vos wigwams ne sont pas dans cette direction ; je sais aussi que vous les avez laissés pour venir nous tuer, et nous piller ensuite.

Les sauvages se tiennent la vue basse et semblent délibérer entre eux ; un murmure sourd parcourt la masse des autres prisonniers.

Le plus grand silence règne partout, et les gens de la caravane se pressent pour mieux entendre.

Voyant que les chefs ne répondent pas, Gustave fait approcher l’avant-garde et l’arrière-garde, et les place en avant des prisonniers.

— Épaulez vos carabines, leur dit-il, et tenez-vous prêts à faire feu.

Puis, se tournant du côté des prisonniers, il ajoute :

— Voyons, répondez tout de suite, ou c’en est fait de vous.