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de cette rivière. Une heure… deux heures s’écoulent, et la rivière Platte ne paraît pas encore. Ils montent sur des hauteurs, regardent de tous côtés, mais point d’indices, des prairies à l’est comme à l’ouest, des prairies au nord comme au sud, des prairies partout.

La nuit commence à répandre ses ombres sur la terre, l’obscurité s’empare de tous les environs, la nuit devient très noire, nos amis peuvent à peine se voir… mais rien n’indique qu’il y a une rivière de ce nom sur la surface ondulante qu’ils parcourent en ce moment.

Enfin George et Arthur, découragés, communiquent leurs pensées à leur ami.

— Avançons toujours, mes bons amis, dit Gustave ; il ne faut point se décourager. Si Dieu nous éprouve ainsi, c’est pour nous faire comprendre que nous dépendons de lui, et soyez assurés qu’il viendra à notre secours ; remercions-le de ne pas être tombés avant cette heure entre les mains des sauvages, qui doivent être nombreux dans ces parages.

Ils pressent leurs chevaux et continuent leur recherche pendant deux heures encore, et la rivière Platte semble fuir devant eux.

Les chevaux, à bout d’haleine, ne veulent plus trotter. Gustave prend une allumette et regarde à sa montre.

— Dix heures et demie, dit-il, arrêtons-nous dans ce bas-fond, et laissons reposer nos chevaux, qui n’en peuvent plus.

Nos amis se laissent tomber sur l’herbe, harassés et tremblants de fatigue.

— Nous sommes perdus, dirent George et Arthur avec désespoir.

— Non, ne craignez rien, dit Gustave. Encore un peu de courage et nous allons trouver la caravane. Voyez, la rivière commence à s’élargir et le courant est moins fort ; c’est un bon signe. Laissons manger