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Notre jeune homme se revêt de son costume en caoutchouc et se dirige vers le poste qui lui avait été assigné. Ce poste était le plus éloigné du camp, mais il ne fit pas de remarques.

— Si tu crains de rester seul, dit M. Dumont, je vais avertir l’autre garde de rester près de toi.

— Ce n’est pas nécessaire, mon père : Dieu saura me protéger contre les dangers, comme il a fait jusqu’ici ; je ne crains pas la mort, et je suis habitué à la souffrance. Ne vous inquiétez pas de moi.

M. Dumont se retourne et prend la direction du camp ; mais rendu à une petite distance, il arrête, s’abrite derrière un petit coteau, pour veiller à la sûreté de son fils.

Gustave commence la ronde qu’il avait à faire et, tout en marchant, il prie avec ferveur.

Tout à coup un bruit semblable au roulement du tonnerre, se fait entendre. Il cherche à percer les ténèbres pour voir, mais il ne peut rien distinguer.

— Sont-ce des sauvages qui viennent pour nous attaquer ? se dit-il. Il arrête… prête l’oreille… son cœur bat avec force ; il se penche pour mieux entendre… et le bruit, qui va toujours en augmentant, approche de plus en plus.

Les chevaux et les bœufs se lèvent, dressent les oreilles et tremblent de peur… et le bruit approche toujours.

— Mon Dieu, dit-il, serait-il possible que notre dernière heure soit arrivée, que je ne verrai plus ma mère et ma sœur ?

Si telle est votre volonté, veuillez les prendre sous votre protection.

Enfin, il est temps d’agir et, cédant à une pensée qui vient de le saisir, il épaule sa carabine et fait feu.

Le bruit arrête aussitôt, mais pour une seconde seulement, pour reprendre toutefois une autre direction. Un éclair brillant passe au même instant, et Gustave peut voir un troupeau innombrable de buffles,