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bilité de maintenir l’ordre social ? De plus, n’avez-vous pas promis à ma mère, avec serment, que vous la protégeriez et l’aimeriez tout le temps de votre vie, lorsqu’au jour de votre mariage, Dieu vous a uni à elle ?

— Mais, c’est ta mère qui n’a pas voulu me suivre, dit M. Dumont troublé.

— Ne parlez pas de maman, et ne donnez pas pour prétexte qu’elle n’a pas voulu vous suivre, pour légitimer votre acte de divorce ; l’interprétation que vous donnez à la Bible vous pousse-t-elle à briser un lien contracté par un serment fait à Dieu lui-même ? Ah ! cher père, pensez-y donc bien, par amour pour maman, pour nous, vos enfants ; par amour pour vous-même, pour votre honneur, pour votre âme. Évitez le scandale que vous causeriez à notre famille et le surcroît de peines que vous infligeriez à vos bons parents de Montréal, à maman et à ma sœur.

— Mais les lois du pays ne sont-elles pas sanctionnées par Dieu, répliqua M. Dumont, qui ne savait trop que répondre aux pleurs et à la prière de son fils. N’est-il pas dit : « La voix du peuple est la voix de Dieu ? » Eh bien ! la loi du pays m’a donné ma liberté et j’en profiterai. Je n’aurais jamais quitté ta mère, mais elle n’a pas voulu me suivre ; elle a donc voulu cette séparation elle-même.

— Ah ! je vous en prie, pourquoi continuez-vous ainsi ? Vous savez bien que maman vous a toujours aimé et respecté, qu’elle vous aime et vous respecte encore ; vous savez bien qu’elle ne vous a pas suivi par respect pour elle-même et ma sœur. Vous dites que la voix du peuple est la voix de Dieu, mais vous devez savoir que Dieu se sert souvent de la voix d’un peuple pour le punir. Jésus-Christ n’a-t-il pas dit : L’homme ne peut séparer ce que Dieu a uni, en réponse aux Pharisiens qui, voulant le tenter, lui demandaient si un homme pouvait répudier sa femme pour cause d’adultère ? Comment pouvez vous justifier votre