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— Comme vous avez brouillé l’eau de cette rivière, dit George, elle est toute sablonneuse.

— Voilà ce qu’on attrape en arrivant les derniers, dit Emily.

— Ces messieurs doivent être contents, dit Gustave, cette eau va leur servir de nourriture et de breuvage en même temps.

L’eau de cette rivière est très sablonneuse, et son courant est très rapide en certains endroits. On y prend une assez grande quantité de poissons, surtout près des montagnes Rocheuses.

Nos amis, après avoir laissé boire leurs chevaux, remontent en selle, et arrivent bientôt à un camp de Mormons qui s’apprêtaient à partir.

— Quel est donc leur mode de transport ? demande Emily ; je ne vois point de bœufs ou de chevaux, et quelles petites voitures ils ont.

— Ce sont des charrettes à bras, répond Gustave, qui me paraissent chargées de provisions et de leur pauvre ménage.

— Leur capitaine vient de donner le signal du départ, dit Arthur : nous allons voir ce qui en est.

Ils s’arrêtent pour voir partir cette caravane d’un nouveau genre ; alors ils peuvent voir chaque charrette traînée par le père, ou le plus âgé des garçons de la famille, qui, une bandoulière de cuir sur les épaules, tire le véhicule pendant que la mère et les autres enfants poussent par derrière. Parmi ces derniers, il y en avait de très petits qui s’amusaient à jouer et à courir.

— Que ces pauvres gens sont à plaindre ! dit Emily. Et ces chers petits enfants, que vont-ils devenir ? Ils ne peuvent se rendre ainsi au lac Salé.

— Oui, mademoiselle, dit Gustave, je lisais, il y a quelques jours, dans le livre intitulé « Guide à travers les prairies de l’Ouest, » que ces caravanes à « charrettes à bras » traversent les rivières, gravissent les plus hautes montagnes et parviennent ainsi à faire le voyage à pied.