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Clara si elle se voyait séparée de votre fille à laquelle elle est si attachée ? Et ne craignez pas d’être à charge ou de nous fatiguer en restant dans cette maison.

— J’espère, madame, que vous ne refuserez pas de rester avec nous, dit M. Lewis, qui entrait pour s’enquérir de l’état d’Alice. D’ailleurs, n’est-il pas mieux que votre père ignore le malheur qui vous arrive pour le moment ? Cette séparation ne peut pas être de longue durée ; votre époux est trop intelligent pour ne pas s’apercevoir de l’erreur qu’il vient de commettre, et Gustave hâtera le dénouement. Si toutefois son absence se prolongeait trop longtemps, il sera toujours assez tôt pour causer cette peine à votre père.

— Et, n’est-ce pas, ma chère enfant, dit madame Lewis en s’adressant à Alice, que tu ne voudrais pas quitter notre Clara ?

Alice, reconnaissante, embrassa sa bienfaitrice.

— Voyons, dit M. Lewis ému, je propose un tour à la campagne.

— Oui, dit madame Lewis, l’air pur et frais qu’on y respire ne peut que nous faire du bien.

Quelques minutes plus tard, une voiture, traînée rapidement par deux superbes coursiers, les conduisaient tous quatre hors de la ville, qu’ils ne revirent que fort tard dans la soirée.

Quelques jours après, la résignation succéda aux pleurs et à la peine. Madame Dumont, voulant se rendre utile, avait demandé de l’ouvrage à madame Lewis.

— Oui, madame, lui dit cette dernière, toutes deux nous confectionnerons des habits pour les chères petites orphelines des sœurs de la charité.

Alice, plus joyeuse, retourna au couvent, et l’on attendit avec espérance.