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votre volonté se fasse, faites que je la revoie bientôt.

Une semaine plus tard, M. Dumont et son fils étaient à Omaha, où se concentraient les Mormons pour former leurs caravanes. L’une d’elles devait partir dans deux jours, et être conduite par un apôtre qui, en apercevant M. Dumont, fait éclater sa joie de le revoir en le nommant capitaine des gardes.

Cette caravane comptait soixante et dix wagons attelés de six paires de bœufs chacun, au delà de cent hommes en état de porter les armes, sans compter les vieillards, les femmes et les enfants, formant en tout près de cinq cents personnes.

On y voyait des Anglais, des Norvégiens, des Prussiens et des Hollandais, deux ou trois Américains, mais pas un seul Français ou Irlandais.

Il paraît, se dit Gustave en souriant, que ces apôtres ont de la difficulté à créer des saints avec les catholiques. Mais, hélas ! ajouta-t-il tristement, il y a un Canadien, et ce Canadien est mon père.

Non loin des wagons, paissaient une grande quantité de bœufs et une trentaine de chevaux de selle, appartenant aux plus riches.

Un coup de cloche tira Gustave de ses réflexions, et il vit tout ce monde se diriger vers le milieu du camp ; la curiosité le fit suivre les autres.

Au centre du cercle formé par les wagons, l’apôtre qui s’était constitué capitaine général de la caravane, était occupé à dépaqueter des revolvers, des carabines, des cartouches, des poignards et plusieurs brassées de câbles.

Triste besogne pour des saints, pensa Gustave.

Après avoir terminé, l’apôtre commanda le silence et d’une voix forte, il dit :

— Mes frères, ces armes ont été achetées avec le produit de votre souscription ; chacun de ceux qui sont en état de les porter, viendra à son tour et je les distribuerai. Deux cents rondes de cartouches, un revolver et une carabine seront la part de chacun ;