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en essayant de retenir ses larmes, je me résignerai à la sainte volonté de Dieu. Je ressens déjà la peine que va me causer ton départ ; cependant j’ai la certitude, qui pour moi est une grande consolation, que tu ne m’oublieras pas et que tu reviendras bientôt. Oui, mon cœur me le dit, Dieu se servira de toi, cher enfant, pour être l’instrument de la conversion de ton père. Va, suis ton père, c’est toi qui nous réuniras un jour. Console-toi, tu seras bientôt en âge, et ce voyage ne peut durer au delà d’une année, aller et retour.

— Mais, maman, il m’est impossible de vous quitter, vous que j’aime tant, et ma sœur…

— J’aurai bien soin de ta sœur ; j’irai résider à Saint-Louis pour être auprès d’elle. Tu sais que M. Lewis ne la laissera manquer de rien. Quant à moi, j’ai encore de l’argent, et s’il venait à m’en manquer, je n’aurais qu’à écrire à mon père. Ainsi, ne crains rien pour nous. Puis, tu dis que tu m’aimes, alors suis ton père par amour pour moi ; accepte ce sacrifice de nous quitter pour quelque temps, par amour pour Dieu, qui t’en récompensera. Va partout où ton père ira, sois toujours bon pour lui, égaie-le autant qu’il te sera, possible et fais tout pour lui procurer du bonheur. Ensuite, tu sais que je suis son épouse ; j’aime ton père et, s’il partait seul, je craindrais ne plus le revoir. Voyons, cher enfant, ajouta-t-elle en le voyant pleurer davantage, promets-moi de suivre ton père pour le ramener ; écoute-moi et ne te chagrine plus.

— Oui, ma mère, par amour pour vous je suivrai papa, dit Gustave prenant une résolution subite. Je le suivrai comme je vous ai suivie de Montréal à Burlington ; j’ai aujourd’hui le bonheur de vous voir décidée à embrasser la religion catholique : en suivant mon père, Dieu m’accordera peut-être la même grâce pour lui.

— Que Dieu te soit en aide, cher enfant, dit madame