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marquez bien, chaque membre a son heure particulière le jour ou la nuit, de sorte que pas une heure, pas une minute ne se passe sans que les uns ou les autres de ces membres soient occupés à prier et à tenir compagnie à Jésus dans l’Eucharistie.

— Dites-moi, ajouta le prêtre, cette pratique est-elle contraire à l’Évangile ? Ne prouve-t-elle pas, au contraire, le grand amour dont ces âmes pieuses brûlent pour Jésus-Christ, qu’elles ne veulent pas quitter un seul instant ? Peut-on taxer d’erreur une Église qui approuve une aussi pieuse pratique ?

— Je suis forcé d’avouer que cette pratique me paraît logique, dit M. Johnson.

— Et très bonne, et il en est ainsi de toutes les autres pratiques et cérémonies approuvées par l’Église catholique ; elles ont toutes pour motif l’honneur et l’amour de Dieu et de ses saints.

— Et c’est pendant ces pratiques et ces cérémonies que les catholiques marmottent des « Ave Maria » sur leurs chapelets, dit M. Dumont avec ironie.

— Si les catholiques marmottent en répétant des « Ave Maria » sur leurs chapelets, les chérubins, qui ne cessent de répéter, Saint, Saint, Saint est le Seigneur Dieu des armées, doivent en faire autant.

— Les chérubins ne sont pas des protestants, dit Gustave.

— Ils ne sont pas plus des catholiques, dit M. Dumont.

— Dites donc plutôt, dit le prêtre, que les catholiques ne sont pas tous des chérubins ; cependant ils en approchent plus que vous, protestants ; au moins ils cherchent à les imiter.

— Mais pourquoi ces pénitences, ces cérémonies, ces jeûnes et ces mortifications ? dit M. Dumont ; toutes ces choses ne constituent pas la religion toute de cœur que Dieu demande de nous. Ces jeûnes à temps fixe, ces prières répétées trop souvent, ces pénitences et ces disciplines sont contraires à l’esprit