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veillance de ses maîtres, qui le désignaient comme modèle aux autres élèves.

— Eh bien ! comment te trouves-tu au collège ? lui demanda son père quelques jours plus tard.

— Mais assez bien, mon père, répondit Gustave, on nous enseigne la littérature et les sciences humaines, mais… pas autre chose.

— Que veux-tu dire par ces autres choses ? reprit M. Dumont.

— Je veux dire, papa, qu’au collège où j’étais à Montréal, les classes ne commençaient jamais avant que maîtres et élèves eussent fait une prière à Dieu et à la sainte Vierge, afin d’attirer les bénédictions célestes sur le travail commun, et elles se terminaient de la même manière pour remercier le Dieu de toutes sciences. L’audition de la messe, tous les matins dès le lever, était même de rigueur.

— Ces exercices de religion pouvaient être en usage dans ce collège rempli de papistes ; mais… suffit pour le moment, nous reviendrons sur ce sujet plus tard. J’aime à te permettre la discussion avec moi, c’est par elle que tu reconnaîtras que ta grand’mère a profité de ta jeunesse pour faire de toi un idolâtre en t’obligeant de pratiquer les erreurs de Rome, ainsi que je l’ai fait moi-même jusqu’à ces dernières années. Mais, grâce à Dieu, j’ai les yeux ouverts et, avec son saint Évangile, je puis me guider. Si j’ai voulu t’avoir avec moi, c’est pour te retirer de l’erreur dans laquelle on t’a plongé, et te ramener à la lumière du Christ.

— J’espère, cher père, que vous n’abuserez pas de votre autorité ni de votre influence pour me retirer de cette erreur, qui d’après vous est…

— Non, non, interrompit M. Dumont piqué au vif, je… je veux que tu lises la Bible.

— Quelle Bible, s’il vous plaît, mon père ?

— La Bible, il n’y en a qu’une, c’est la parole de Dieu contenue dans l’Ancien et le Nouveau Testament.