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de faire, que Notre-Seigneur dans cette même, nuit où il fut livré à ses ennemis, ayant pris du pain et rendu grâces à Dieu son Père, il le rompit et le donna à ses disciples en leur disant : Prenez et mangez, ceci est mon corps, ceci est mon sang. Puisque donc en parlant du pain, il a déclaré que c’est son corps, qui osera révoquer en doute cette vérité ? Et puisqu’en parlant du vin il a assuré si positivement que c’était son sang, qui jamais en pourrait douter et osera dire qu’il n’est pas vrai que ce soit son sang ?

— Un grand idolâtre, celui-là, dit Gustave en souriant. Il allait continuer sa lecture, mais M. Dumont lui ordonna d’arrêter et ajouta :

— Ce Cyrille est une autorité isolée et ne prouve pas le sentiment des Pères et des docteurs de la primitive Église ; de plus, je ne vois pas la nécessité de continuer cette lecture.

— Serait-ce la crainte d’entendre le témoignage unanime de tous les Pères et docteurs de l’Église qui vous fait parler ainsi ? demanda le prêtre.

— Non, non, répondit M. Dumont d’un ton irrité.

— Vous feriez mieux de laisser votre fils continuer sa lecture, dit M. Johnson ; je suis certain que ces Pères vont se contredire ou différer d’opinion, et je puis vous assurer que je tiendrai compte de la première contradiction.

— Que mon fils continue s’il le veut, dit M. Dumont, rouge de dépit.

Gustave, qui avait fermé son livre, le rouvrit et continua.

Saint Jacques de Nisibe au concile de Nicée en 325 :

Notre-Seigneur avant d’être crucifié donna de ses propres mains son corps pour nourriture et son sang pour breuvage.

Saint Jérôme :

Moïse n’a pas donné le vrai pain, mais Jésus-Christ seul le donne. Il nous invite au festin, et il est lui-même notre aliment, il mange avec nous et nous le mangeons lui même.