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parler de la sorte et faire preuve d’autant d’ignorance et de superstition ?

— Si adorer Jésus-Christ dans l’Eucharistie est de l’ignorance et de la superstition, dit Gustave, nous pouvons en faire le reproche à Notre-Seigneur lui-même, qui l’a voulu ainsi.

— Ne parle pas ainsi contre Notre-Seigneur, et ne pervertis pas le sens de ses paroles, dit M. Dumont. Jésus-Christ a voulu, dans ce sacrement, nous laisser un souvenir de sa passion, et non pas son corps et son sang, qui, une fois sacrifiés, ne pouvaient plus l’être.

— C’est cela, dit M. Johnson ; nous communions en mémoire de celui qui a été sacrifié pour nous, et qui a fait le sacrifice de son corps et de son sang sur la croix, une fois pour toutes. Je ne puis concevoir comment vous, catholiques, ne compreniez pas cela, et que vous puissiez voir dans le pain et le vin le corps et le sang d’un Dieu.

— Nous y voyons le corps et le sang d’un Dieu, à cause des paroles mêmes de notre divin Sauveur ; mais pour mieux m’expliquer, veuillez ouvrir l’Évangile avec moi et suivre Notre-Seigneur au Cénacle où il doit manger la Pâque avec ses Apôtres. Que fait-il ? Il fait asseoir ses Apôtres, leur lave les pieds et les leur baise. Pourquoi, pensez-vous, en agit-il ainsi ? Pourquoi, lui, un Dieu, s’abaisser de la sorte ? Pourquoi tant de cérémonies pour un simple repas ? Il se retourne vers nous, qui le voyons faire, il est Dieu et connaît le fond de nos cœurs ; de son regard il nous fait comprendre qu’il va s’opérer une grande merveille, que les Apôtres, qui doivent y participer et en être les témoins, doivent être exempts de toute souillure. Les pieds étant l’emblème de nos pas et de nos démarches, et comme les récipients des souillures de notre corps, il les choisit pour les laver, afin de nous montrer par là que notre âme, qui aussi reçoit la souillure de nos péchés, doit être lavée et nettoyée