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sentiment se complique envers cet étranger, transport, vénération, aussi d’un malaise que tout soit fait, autrement qu’en irradiant, par un jeu direct, du principe littéraire même[1]. » « Moins qu’un millier de lignes, le rôle, qui le lit, tout de suite comprend les règles[2]. » « Quelque suprême moule qui n’ayant pas lieu en tant que d’aucun objet qui existe : mais il emprunte, pour y aviver un sceau tous gisements épars[3]. »

Des syllepses en apparence étranges n’ont rien que de très classique. « M’abstraire ni quitter, exclus, la fenêtre, regard, moi-là, de l’ancienne bâtisse sur l’endroit qu’elle sait ; pour faire au groupe des avances, sans effet[4]. » Ni est mis pour et, puisque, quand le verbe, bien qu’employé affirmativement, a pourtant un sens négatif, ni demandé par le sens peut remplacer et réclamé par la grammaire.

Garde donc de donner, ainsi que dans Clélie,
L’air ni l’esprit français à l’antique Italie.

dit Boileau. Mais, dans la phrase de Mallarmé, l’idée négative qui pourrait autoriser le ni est rejetée tout à fait au bout de la phrase, dans le dernier mot, sans effet, et commentée dans la phrase qui suit. Le ni, placé ainsi au début, contre la grammaire, indique d’abord qu’en fin de compte la fenêtre ne sera pas quittée.

VIII. — J’ai déjà dit que Mallarmé, de par sa nature anti-oratoire, procède par enveloppement bien plutôt que par développement. De cela on ferait une formule de son style. Sa phrase est souvent une série de parenthèses et emboîtements.

Par quel attrait
Menée et quel matin oublié des prophètes

  1. Divagations, p. 143.
  2. Divagations, p. 187.
  3. Divagations, p. 227.
  4. Divagations, p. 52.