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en la mer comme en la terre, car en l’un et en l’autre il se fait côme une poincte de feu en pyramide, et esleue l’eau contremont, côme i’ai veu mainte fois, parquoy semble que le vent a aussi un mouuement droit d’embas côtremont, côme mouuemêt circulaire, duquel i’ay dit en un autre lieu. Essores. Voyla pourquoy elles sont ainsi nommées pour le grand essor[1] que cause le vent esdites isles : car essorer vaut autant à dire côme seicher, ou essuyer. Ces isles sont distantes de nostre France enuiron dix degrez et demi : et sont neuf[2] en nombre ; dont les meilleures sont habitées auiourd’huy des Portugais, où ils ont enuoyé plusieurs esclaues, pour travailler et labourer la terre, laquelle par leur diligèce Fertilité des isles Essores. ils ont rêdue fertile de tous bôs fruits nécessaires à la vie humaine, de blé[3] principalement, qu’elle produit en telle abondance, que

  1. D’après une étymologie beaucoup plus sérieuse, le nom d’Açores fut donné à ces îles par les premiers Portugais qui y abordèrent, à cause des nombreux oiseaux de proie (açor) qu’ils y rencontrèrent. Ne pas oublier d’ailleurs que cet archipel a parfois été nommé Terceiras, d’après l’île centrale du groupe ; et que les Anglais les appellent Western Islands. On trouve encore la dénomination d’îles flamandes à cause des familles flamandes qui les colonisèrent.
  2. On compte du moins neuf îles principales, Santa Maria, San Miguel avec les Formigas, Terceira, San Jorge, Pico, Fayal, Graciosa, Flores, Corvo.
  3. L’agriculture des Açores a traversé diverses phases de prospérité et de décadence. La canne à sucre fut d’abord cultivée, puis le pastel. Jean III, en frappant cette plante de droits énormes, tua cette industrie à laquelle succéda la culture des céréales. Aujourd’hui, la culture de la vigne et de l’oranger a pris le dessus.