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viuent gueres que de poisson, et encores de ceux qui sont vestus de grosses escailles ou coquilles, qu’ils enleuêt en l’air, puis les laissent tôber en terre, et les rôpent ainsi pour mâger ce qui est dedàs. Cest aigle nidifie en gros arbres sus le riuage de la mer. En ce païs a plusieurs beaux fleuues, et abondance de bon poisson. Ce peuple n’appete autre chose, sinô ce qui luy est necessaire pour substenter leur nature, en sorte qu’ils ne sont curieux en viâdes, et n’en vont querir es païs loingtains, et sont leurs nourritures saines, de quoy auiêt qu’ils ne sçauent que c’est que maladies, ains viuêt en continuelle santé et paix, et n’ôt aucune occasion de côceuoir enuie les uns cotre les autres, à cause de leurs biês ou patrimoine, car ils sont quasi tous égaux en biês, et sont tous riches par un mutuel contentemêt, et qualité de pauureté. Ils n’ont aussi aucû lieu député pour administrer iustice, parce qu’entre eux ne font aucune chose digne de reprehension. Ils n’ôt aucunes loix, ne plus ne moins que noz Ameriques et autre peuple de ceste terre côtinente, sinon celle de la nature. Le peuple maritime se nourrist communement de poisson, côme nous auôs desia dit : les autres eslongnez de la mer se côtentêt des fruits de la terre, qu’elle produit la plus grâd part sans culture, et estre labourée. Et ainsi en ont usé autrefois les anciens, côme mesme recite Pline. Nous en voyons encores assez auiourd’hui que la terre nous produit elle mesme sans estre cultiuée. Dôt Virgile recite que la forest Dodonée commençant à se retraire, pour l’aage qui la surmontoit, ou bien qu’elle ne pouuoit satisfaire au nombre de