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blanc[1] : ce que ie pense auenir pour l’excessiue froideur du païs. Lesquels ours iour et nuyt sont importuns es cabanes des Sauuages, pour mâger leurs huiles et poissons, quand il s’en trouue de reserue. Quant aux ours encore que nous en ayôs amplemêt traité en nostre Cosmographie du Leuât nous dirons toutefois en passât côme les habitas du païs les prennent affligez de l’importunité qu’ils leur font. Dôcques ils font certaines fosses en terre fort profondes près les arbres ou rochers, puis les couurent si finement de quelques branches ou fueillage d’arbres : et ce là où quelque essaim de mousches à miel se retire, ce que ces ours cherchêt et suyuent diligemment, et en sont fort friands, non comme ie croy tant pour s’en rassasier, que pour s’en guérir les ïeux qu’ils ont naturellement débiles, et tout le cerueau, mesmes qu’estans picquez de ces mousches rendent quelque sang, specialemêt par la teste, qui leur apporte grâd allegement. Il se void là une espèce de bestes grâdes côme buffles, portâs cornes assez larges, la peau grisâtre, dôt ils font vestemens : et plusieurs autres bestes, desquelles les peaux sont fort riches et singulieres. Le païs du reste est môtagneux et peu fertile, tant pour l’intêperature de l’air, que pour la condition de la terre peu habitée et mal cultiuée. Des oyseaux, il ne s’en trouue un si grand nôbre qu’en l’Amérique, ou au Peru, ne de si beaux. Deux especes d’aigle. Il y a deux espèces d’aigles, dot les unes habitêt les eaûes, et ne

  1. Sur les ours blancs et leur chasse, consulter les diverses relations de voyages au pôle nord insérées dans le Tour du Monde (Kane, Hayes, Weyprecht, etc.)