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qu’il fust expert en mathematiques, a toutesfois erré nous voulât persuader que ceste riuiere, de laquele nous parlons, est un destroit, lequel il nôme Septentrional, et mesmes l’a ainsi depaint en sa Mappemôde. Si ce qu’il en a escrit eust esté veritable, en vain les Espagnols et Portugais eussent esté chercher un autre destroit, distât de cestuy cy de trois mil lieues pour entrer en ceste mer du Su, et aller aux isles des Moluques où sont les espiceries. Ce païs est habité de Barbares vestus[1] de peaux de sauuagines, ainsi que ceux de Canada, fort inhumains et mal traitables : comme bien l’experimentent ceux qui vont par delà

    Gabotto, Cortereal, Verazzano, tous les hardis marins qui explorèrent les premiers l’Amérique septentrionale n’avaient pas d’autre but. Cartier, dans ses trois voyages au Canada, se croit toujours au moment de découvrir ce détroit. « La perfection qu’il cherche, écrira plus tard Lescarbot, en parlant de Cartier, est de trouver un passage pour aller par là en Orient. » Au XVIIe et au XVIIIe siècle, le problème géographique qui fut discuté le plus ardemment, fut celui du fameux passage nord ouest ; c’est seulement de nos jours qu’on a cessé de le rechercher pour s’occuper plus activement de la meilleure voie à suivre pour arriver au pôle nord.

  1. Un passage de la chronique de Fabien, dans Hakluyt, nous apprend que Sebastiani Gabotto emmena en Angleterre trois Indiens de Terre-Neuve. Le portrait de ces malheureux, arrachés à leur patrie, est assez curieux : « Ces sauvages étaient couverts de peaux d’animaux, mangeaient la chair crue, parlaient une langue que personne ne pouvait comprendre, et, dans toute leur conduite, ressemblaient à des bêtes brutes. » Ces insulaires se nommaient les Micmas. Il en reste encore quelques-uns dans l’intérieur de l’archipel. Voir Gobineau. Voyage à Terre-Neuve.