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auons touché, parauanture contrains pour le froid, et non autrement : laquelle occasion ne s’est presentée aux autres, qui les a fait demeurer ainsi nuds, sans aucune vergogne l’un de l’autre. Combien que ceux cy, i’entens les hommes, ne sont totalement vestuz, sinon enueloppez d’une peau pelue[1], en façô d’un dauanteau, pour couurir le deuant et parties honteuses : le faisans passer entremy les iambes, fermées à boutons sur les deux cuisses : puis ils se ceignent d’une large ceinture, qui leur affermist tout le corps, bras et iambes nues : hormis que par sus le tout ils portent un grand manteau de peaux cousues ensemble, si bien accoustrées, côme si le plus habile peletier y auoit mis la main. Les manteaux sont faits, les uns de loutre, ours, martres, panteres, renards, lieures, rats, connins et autres peaux, courayées auecques le poil : qui a dôné argument, à mon aduis, à plusieurs ignorans de dire que les Sauuages estoyeht velus. Aucuns ont escript[2] que Hercules de Lybie venant en France, trouua le peuple viuant presque à la maniere des

  1. Lescarbot. Nouvelle France, vi, 9 : « Ils se couvrent d’une peau attachée par devant à une courroye de cuir, laquelle passant entre les fesses, va reprendre l’autre côté de ladite courroye par derriere. Et pour ce qui est du reste de leur vêtement, ils ont un manteau sur le dos fait de plusieurs peaux, si elles sont de loutres ou de castors, et d’une seule peau, si c’est de cuir d’ellan, ours, ou loup-cervier, lequel manteau est attaché auec une laniere de cuir par en haut, et mettent le plus souvent un bras dehors : mais estans en leurs cabanes, ils le mettent bas, s’il ne fait trop froid. Et ne le scauroy mieux comparer qu’aux peintures que l’on fait de Hercule. »
  2. Diodore. iv, 19.