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Quartier quelque petit fort et bastiment pour hyuerner luy et les siens, ensemble pour se defendre contre l’iniure de l’air tant froid et rigoureux. Il fut assez bien traité pour le païs et la saison : car les habitans lui amenoient par chacun iour leurs barques chargées de poisson, côme anguilles, lamproyes et autres : pareillement de chairs sauuages, dont ils en prennent bonne quantité. Aussi sont ils grands veneurs, soit esté ou hyuer, auecques engins ou autremêt. Maniere de raquettes. Ils usent d’une maniere de raquettes[1], tissues de cordes en façon de crible, de deux piés et demy de long, et un pié de large, tout ainsi que vous represente la figure cy apres mise. Usage de ces raquettes. Ils les portent soubs les pieds au froid et à la neige, specialement quand ils vont chasser aux bestes sauuages, à fin de n’enfoncer point dans les neiges, à la poursuite de leur chasse. Ce peuple se reuest de peaux de cerfs, couroyées et accommodées à leur mode. Comme ces Canadiens chassent le cerf et autres bestes sauuages. Pour prendre ces bestes[2], ils

  1. Champlain (P. 266). — Charlevoix. Hist. de la Nouvelle France. T. iii. P. 128, 129.
  2. N. Perrot (P. 53, 4) raconte ainsi la chasse aux caribous ou cerfs : « On environne d’abord les savanes d’arbres et de perches, de distance en distance, où se tendent des lacets de peau crue qui ferment un petit passage laissé à dessein. Quand tous ces pièges sont une fois dressez, on s’éloigne en marchant de front et faisant continuellement de grands cris ; ce bruit extraordinaire les épouvante et les met en fuite de tous costés ne sçachant plus où aller, ils viennent rencontrer cest embarras qui leur a esté préparé, et ne le pouvant franchir, ils sont contraints de le suivre pour se rendre dans le passage, où sont tendus les lacets à nœuds coulants, qui les saisissent par le col. » Cf. Champlain (P. 266). — Charlevoix. Hist. de la Nouvelle France. T. iii. P. 128, 129.