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gnan iusques à Furne et Dariéne, et encores plus auant du costé de l’Occident, qui est le lieu plus estroit de toute la terre ferme, par lequel on va aux Moluques. D’auantage ils s’estêdent iusques à la riuiere de palme : où ils ont si bien basti et peuplé tout le païs, que c’est chose merueilleuse de la richesse qu’auiourd’huy leur rapporte tout ce païs, comme un grand royaume. Richesses des isles de Peru. Premieremêt presque en toutes les isles du Peru y a mines[1] d’or ou d’argent, quelques emeraudes et turquoises, n’ayâs toutefois si vive couleur que celles qui viennêt de Malacca ou Calicut. Ingas peuple fort riche et belliqueux. Le peuple le plus riche de tout le Peru est celuy qu’ils nôment Ingas, belliqueux aussi sur toutes autres nations. Ils nourrissent bœufs, vaches, et tout autre bestial domestique, en plus grand nôbre que ne faisons par deçà : car le pais est fort propre, de manière qu’ils font grand traffique de cuir de toutes sortes : et tuent les bestes seulement pour en auoir le cuir[2]. La plus grâd part de ces bestes priuées et domestiques sont deuenues sauuages, pour la multitude qu’il y en a, tellement que lon est côtraint les laisser aller par

  1. Sur les richesses du Pérou voir Extrait d’un voyage en Bolivie par F. Clavairoz (Explorateur, i. 289). Ces richesses sont d’ailleurs devenues proverbiales. L’histoire des tapados, ou trésors enfouis au moment de la conquête, formerait un curieux chapitre dans une relation générale des événements de cette époque.
  2. Tel est encore l’usage des Indiens de la prairie dans la Confédération Argentine. Les émigrants européens ne les ont que trop souvent imités dans leur folle imprévoyance. Cf. Sarmiento. Civilisation et Barbarie.Daireaux. Articles de la Revue des deux Mondes.