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passage est curieux : « le me puis vanter auoir esté le premier en France, qui a apporté la graine de cette plante, et pareillement semée, et nommé ladite plante, l’herbe Angoumoisine. Depuis un quidam, qui ne feit jamais le voyage, quelque dix ans apres que je fus de retour de ce païs, luy donna son nom. » La légitime revendication de Thevet ne fut jamais écoutée. On ne voulut pas accepter cette dénomination d’herbe angoumoisine qu’il avait pourtant le droit de lui imposer, et l’oublieuse postérité continua et continue encore à rendre grâces à Nicot d’un bienfait dont elle ne lui est pas redevable. Qu’il nous soit du moins permis de nous inscrire en faux contre cet inique jugement, et de proclamer bien haut que c’est à Thevet et rien qu’à Thevet, que le trésor public doit le plus magnifique de ses revenus, et la majorité de nos lecteurs une jouissance quotidienne.

En souvenir de ce bienfait méconnu, puissent ces mêmes lecteurs fermer les yeux sur les imperfections qui déparent l’œuvre de Thevet, et ne plus voir dans ce modeste écrivain, trop attaqué de son vivant, trop oublié après sa mort, que le premier ou du moins le plus ancien des historiens français de l’Amérique.

Paul GAFFAREL.