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soyent mourir l’enfant masle, reseruans la femelle aux armes, ausquelles la dressoient fort bien, et auecques toute diligence. Elles ont doncques preferé l’exercice des armes, et de la chasse, à toutes autres choses. Leurs armes estoyent arcs et flesches auec certains boucliers, dont Virgile parle en son Eneide, quand elles allerent, durant le siege de Troie, au secours des Troyens contre les Grecs. Aucuns tiennent aussi qu’elles sont les premieres qui ont commencé à cheuaucher et à combattre, à cheual. Maniere de viure des Amazones de l’Amerique. Or est il temps desormais de retourner aux Amazones de nostre Amerique et de noz Espagnols. En ceste part elles sont separées d’auec les hommes, et ne les frequentent que bien rarement, côme quelquefois en secret la nuit ou à quelque autre heure determinée. Ce peuple habite en petites logettes, et cauernes contre les rochers, viuant de poisson, ou de quelques sauuagines, de racines, et quelques bons fruits, que port ce terrouer. Elles tuêt leurs enfans masles, incontinent apres les auoir mis sus terre : ou bien les remettêt entre les mains de celuy auquel elles les pensent appartenir. Si c’est une femelle, elles la retiennent à soy tout ainsi que faisoyent les premieres Amazones. Elles font guerre ordinairement contre quelques autres nations : et traitent fort inhumainement ceux quelles peuuent prendre en guerre. Côme les Amazones traitêt ceux qu’ils prenênt en guerre. Pour les faire mourir elles les pendent par une iambe à quelque haute branche d’un arbre : pour l’auoir ainsi laissé quelque espace de temps, quand elles y retournêt, si de cas fortuit n’est trespassé, elles tireront dix mille coups de fleches, et ne le mangent comme les autres Sauuages,