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terre ferme, au Peru, et à l’Amerique, que par succession de temps il a pacifié de maniere qu’auiourd’hui il en reçoit grand emollument et profit. Situatiô de la riuiere de Plate. Or entre les autres un capitaine Espagnol, estant pour son prince au Peru, delibera un iour de decouurir, tât par eau que par terre, iusque à la riuiere de Plate (laquelle est distante du cap Saint Augustin sept cens lieues, delà la ligne, et du dit cap iusques aux isles du Peru enuirons trois cens lieues) quelque difficulté qu’il y eust, pour la longueur du chemin, et montagnes inaccessibles, que pour la suspicion des gens et bestes sauuages : esperant l’execution de si haute entreprise, outre les admirables richesses, acquerir un loz immortel, et laisser perpetuelle gloire de soy à la posterité. Ayant donques dressé, et mis le tout en bon ordre, et suffisant equipage, ainsi que la chose le meritoit, c’est à sçauoir de quelque marchandise, pour en trafiquant par les chemins recouurer viures, et autres munitions : au reste accompagné de cinquante Espagnols[1], quelque nombre d’esclaues pour le seruice laborieux, et quelques autres insulaires, qui auoient esté faits Chrestiens, pour la conduite et interpretation des langues. Il fut question de s’embarquer auec quelques petites carauelles, sur la riuiere d’Aurelane, laquele ie puis asseurer la plus lôgue et la

  1. Ses principaux compagnons étaient le dominicain Gaspar de Carvajal et un gentilhomme de Badajoz, Hernando Sanchez de Vargas. Quand ils le virent s’abandonner au cours du fleuve et se lancer dans l’inconnu, ils l’accusèrent d’outrepasser les ordres de Pizarre. Orellana débarqua les mécontents sur la rive du fleuve et passa outre.