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telle façô qu’ils n’y peuuent aucunement traffiquer. Aussi est ce peuple epouuentable à voir, arrogât et courageux, fort subiet à commettre larrecin. Il y a plusieurs arbres de gaiac, et une autre espece d’arbre portant fruit de la grosseur d’un esteuf, beau à voir toutesfois veneneux : parquoy trempent leurs fleches dont ils se veulent aider contre leurs ennemis, au ius de cest arbre. Il y en a un autre, duquel la liqueur qui en sort, l’arbre estant scarifié, est venin, comme reagal par deça. La racine toutesfois est bonne à manger, aussi en font ils farine, dont ils se nourrissent, comme en l’Amerique, combiê que l’arbre soit different de tronc, branches, et fueillage. La raison pourquoy mesme plante porte aliment et venin, ie la laisse à contempler aux philosophes. Leur maniere de guerroyer est comme des Ameriques, et autres Canibales, dont nous auons parlé, hors-mis qu’ils usent de fondes, faictes de peaux de bestes, ou de pelure de bois : à quoy sont tant expers, que ie ne puis estimer les Baleares inuenteurs de la fonde, selon Vegece, auoir esté plus excellens fundibulateurs.