Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/385

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riuiere de Ianaïre, en la grande mer sus l’autre costé, tirant vers le Ponêt, laissée à dextre la coste d’Ethiopie, laquelle nous auiôs tenue en allant. Auquel depart nous fut le vent assez propice, mais de petite durée : car incontinent se vint enfler comme furieux, et nous donner droit au nez le Nort et Nort-Ouest, lequel auec la mer assez inconstante et mal asseurée en ces endroits, qui nous destourna de nostre droite route, nous iettât puis ça puis là en diuerses pars, tàt que finablemêt auecques toute difficulté se decouurit le cap de Frie, où auions descendu et pris terre à nostre venue. Et de rechef arrestames l’espace de huit iours, iusques au neufième, que le Su commença à nous donner à pouppe, et nous conduit bien nonante lieues en plaine mer, laissans le païs d’aual, et costoyant de loin Mahouac[1], pour les dangers. Car les Portugais tiennent ce quartier là, et les Sauuages, qui tous deux nous sont ennemis, comme i’ay môstré quelque part : où depuis deux ans[2] en ça ont trouué mine d’or et d’argent, qui leur a esté cause de bastir en cest endroit, et y mettre sieges nouueaux pour habiter. Cap de Saint Augustin. Or cheminans tousiours sur ceste mer à gràde difficulté, iusques à la hauteur du cap de Saint Augustin pour lequel doubler et afronter demeurames flottâs ça et là l’espace de deux moys ou enuiron, tant il est grand, et se iettant auant dans la mer. Et ne s’en faut

  1. Ce sont les îles Maqhué. Cf. Léry. § v.
  2. Hans Staden (Ouv. cité) a raconté la fondation de ce fort, et les petites guerres soutenues par les Portugais contre les sauvages des environs.