Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/372

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Hetich. Hetich[1], faisans un pertuis en terre auecques le doigt, ainsi que lon plante les pois et febues par deça. D’engresser et amender la terre ils n’en ont aucune pratique, ioint que de soy elle est assez fertile, n’estât aussi lassée de culture, côme nous la voyons par deça. Toutefois c’est chose admirable, qu’elle ne peut porter nostre blé : et moy mesme en ay quelquefois semé (car nous en auions porté auec nous) pour esprouuer, mais il ne peut iamais profiter. Et n’est à mon auis, le vice de la terre, mais de ie ne sçay quelle petite vermine qui le mange en terre : toutefois ceux qui sont demeurez par delà, pourront auec le temps en faire plus seure experience. Quant à En Amerique nul usage de blé. noz Sauuages, il ne se faut trop esmerueiller, s’ils n’ont eu congnoissance du blé, car mesmes en nostre Europe et autres païs au commencement les hommes viuoyent des fruits que la terre produisoit d’elle mesme sans estre labourée. Ancieneté de l’agriculture, Vray est que l’agriculture est fort ancienne[2] : comme il appert par l’escriture : ou bien

  1. Thevet (Cosm. univ. P. 921) décrit au long l’hetich. Cette description est à peu près conforme à celle de Léry. (§ xiii). L’hétich serait-il la pomme de terre ? Walter Raleigh passe pour en avoir apporté les premiers plants en Angleterre vers 1586, mais ils venaient de Virginie. Ce fut seulement l’expérience décisive de Parmentier, en 1779, qui en popularisa la culture, après qu’il eut prouvé par analyse chimique que le tubercule n’avait pas les propriétés nuisibles des autres solanées. Il se peut encore que l’hétich soit le topinambourg, dont le nom rappelle la tribu brésilienne des Tupinambas à laquelle nous le devons.
  2. Voir Pictet. Origines Indo-Européennes. Lenormant. Manuel d’histoire ancienne. T. ii. Il est en effet prouvé que les pre-