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leur chemin sans monter au détroit Magellanique, tant pour leurs trafiques, que pour autres commoditez. Isles de Moluques. Et depuis ce temps trafiquent aux isles des Moluques[1], qui sont grandes et pour le présent habitèes et réduites au Christianisme, lesquelles auparauant estoient peuplées de gens cruels, plus sans comparaison, que ceux de l’Amérique, qui estoyent aueuglez et priuez de la congnoissance des grandes richesses que produisoient lesdites isles : vray est qu’en ce mesme endroit de la mer de Ponent y a quatre isles désertes, habitées (comme ils affermêt) seulement de Satires[2], parquoy les ont nommées Isles des Satyres. En ceste mesme mer se trouuèt dix isles, nommées Manioles[3], habitées de gens sauuages, lesquels ne tiennent aucune religion. Auprès d’icelles y a grands rochers qui attirent les nauires à eux, à cause du fer dont elles sont clouées. Tellement que ceux qui trafiquent en ce païs là sont contrains d’user de petites nauires cheuillées de bois[4] pour euiter tel

  1. Les Moluques ont été décrites peu de temps après leur découverte par Maximilianus Transylvanus : De Moluccis insulis itemque aliis pluribus admirandis epistola perquam jucunda. 1523. — Oviedo. Historia general. 2me partie, etc.
  2. Les îles des Satyres correspondent sans doute à l’un des nombreux archipels de la mer de la Sonde. Les navigateurs qui les découvrirent leur donnèrent ce nom parce qu’ils crurent avoir retrouvé les Insulte Satyrides, d’Euphemos de Carie. Cf. Pausanias. I. 23.
  3. Ce sont les Philippines. Le nom de Manioles se retrouve dans Manille.
  4. Les jonques chinoises et japonaises sont, en effet, chevillées en bois et non enfer, mais ce n’est pas à cause des rochers aimantés qu’on trouverait dans ces mers.