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amenée. Aussi lors qu’ils y paruindrêt receurêt une ioye merueilleuse, estimàs ceste riuiere tât large estre le destroit Magellanique, lequel ils cherchoiêt pour passer, de l’austre costé de l’Amerique : toutesfois cognoissans la verité de la chose, delibererêt mettre pied à terre, ce qu’ils feirent. Les Sauuages du païs se trouuerent fort estonnez, pour n’auoir iamais veu Chrestiens ainsi aborder en leurs limites : mais par succession de temps les appriuoiserent, specialement les plus anciens, et habitans pres le riuage, auec presens et autrement : de maniere que visitant les lieux assés librement, trouuerent plusieurs mines d’argent et apres auoir bien recongneu les lieux s’en retournerent leurs nauires chargés de bresil. Second voyage. Quelque temps apres equipperent trois bien grandes nauires de gens et munitions pour y retourner pour la cupidité de ces mines d’argent. Et estâs arriués au mesme lieu, où premierement auoyent esté, desplierêt leurs esquifs pour prendre terre : c’est à scauoir le capitaine accompagné d’enuirô quatre vingts soldats, pour resister aux Sauuages du païs, s’ils faisoyent quelque effort : toutesfois au lieu d’approcher, de prime face ces Barbares[1] s’êfuyoiêt ça et là : qui estoit uneruze,

    malgré ses instructions, en Amérique, pénétra de nouveau dans le fleuve, et reçut des riverains des lames d’or et d’argent qu’il envoya en Espagne pour se faire pardonner sa désobéissance. On crut, à la cour de Charles-Quint, avoir découvert un nouveau Pactole, et le Solis devint la Rivière d’Argent, le Rio de la Plata.

  1. Est-ce une allusion au meurtre de Solis par les Charruas en 1516 ou bien à la surprise de Nuno de Lara en 1530 ? On