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CHAPITRE LV.

De la riuiere de Plate, et païs circonuoisins.


Puis que nous sommes si auant en propos, Riuiere de Plate pourquoy ainsi nommée. ie me suis auisé de dire un mot de ce beau fleuue de l’Amérique, que les Espagnols ont nommé Plate, ou pour sa largeur, ou pour les mines d’argêt, qui se trouuent auprès, lequel en leur lâgue ils appellent Plate : vray est que les Sauuages du païs le nôment Paranagacu, qui est autât à dire comme mer, ou grande congregation d’eau. Ce fleuue contient de l’argeur vint six lieues[1], estant outre la ligne trente cinq degrés, et distant du cap de Saint Augustin six cens septante lieues. Premier voyage des Espagnols à la riuiere de Plate. Ie pense que le nô de Plate luy a esté donné par ceux[2] qui du commencement le descouurirêt, pour la raison premieremêt

  1. A son embouchure seulement, et encore ce chiffre est-il fort exagéré.
  2. Thevet se trompe : Juan Diaz de Solis fut le premier qui découvrit, en 1515, ce fleuve dont l’immense embouchure ressemblait à une mer. Il lui imposa son nom, mais ne jouit pas longtemps de cet honneur, car il fut assassiné par les Indiens Charruas. En 1528, Sébastien Cabot chargé par le gouvernement Espagnol d’une mission dans les Indes Orientales s’arrêta,