Page:Thevet - La France antarctique - Gaffarel, 1878.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lointain, estât ce peuple tout nud, côme ils sont encore auiourd’huy, lequel a si bien multiplié iusques à present, qu’ils s’en disent par ce moyen estre yssuz[1].Il me semble n’estre trop repugnât, qu’il puisse auoir esté autre deluge que celuy du temps de Noè. Toutefois ie me deporteray d’en parler, puisque nous n’en auôs aucun tesmoignage par l’escriture, retournans au feu de noz Sauuages, Premiere mode des Savuages à couper du bois. côme ils en ont usé à plusieurs choses, côme à cuire viandes, abatre bois, iusques à ce que depuis ils ont trouué moyê de le coupper[2], encore auec quelques pierres, et depuis nagueres ont receu l’usage des ferremens par les Chrestiens qui sont allez par delà. Ie ne doute que l’Europe et quelques autres païs n’ayêt esté autrefois sans usage de ferremês. Ainsi recite Pline[3] au septieme de son Histoire naturelle, que Dedalus fut inuenteur de la premiere forge, de laquelle il forgea luy mesme

  1. Sur l’universalité de cette tradition dans toute l’Amérique on peut consulter Prescott. Conquête du Mexique. Passim. De Charencey. Le Mythe de Votan. — Brasseur de Bourbourg. Histoire des nations civilisées de l’Amérique avant C. Colomb, et préface du Popol Vuh.
  2. D’après Léryxiii) « auparavant, ainsi que i’ay entendu des vieillards, ils n’auoyent presque aucune industrie d’abattre un arbre, sinon mettre le feu au pied. » D’après Hans Staden (P. 249) « ils prennent une espèce de pierre d’un bleu très foncé à laquelle ils donnent la forme d’un coin ; ils aiguisent ensuite le côté le plus large… ensuite ils attachent cette pierre au bout d’un bâton au moyen d’une corde. »
  3. Pline. H. N. vii. 57.