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deux espèces de ces mousches[1] : Deux espèces de mousches à miel. les unes sont grosses comme les nostres, qui ne vient seulement que de bonnes fleurs odorantes, aussi font elles un miel tres-bon, mais de cire non en tout si iaune que la nostre. Hira, miel. Il s’en trouue une autre espèce la moytié plus petites que les autres : leur miel est encore meilleur que le premier, et le nôment les Sauuages Hira. Elles ne viuent de la pasture des autres, qui cause à mô aduis qu’elles font une cire noire comme charbon : et s’en fait une grande quantité, spécialement près la riuiere des Vases et de Plate. Heyra animant. Il se trouue là un animant, nommé Heyrat, qui vaut autant à dire comme beste à miel, pour ce qu’elle recherche de toutes pars ces arbres, pour manger le miel que font ces mousches. Cest animât est tanné, grand comme chat, et a la méthode de tirer le miel auec ses griffes, sans toucher aux mousches, ne elles à luy. Usage de miel tenu en grande recômendation de divers peuples. Ce miel est fort estimé par de là, pource que les Sauuages en présentent à leurs malades, mistiôné auec farine recente qu’ils ont accoustume faire de racines. Quant à la cire ils n’en usent autrement, sinon qu’ils l’appliquent pour faire tenir leurs plumettes et pennages autour de la teste. Ou bien de boucher quelques grosses cannes, dans lesquelles ils mettent leurs plu-

  1. D’après Hans Staden (P. 315) il y aurait trois espèces d’abeilles : « La première ressemble à celles de ce pays, la seconde est noire et de la grosseur des mouches, la troisième de celle des moucherons… leur piqûre n’est pas douloureuse, car j’ai souvent vu les sauvages en être couverts en prenant le miel, et moi-même j’en ai enlevé quoique étant nu. » Cf. Yves d’Evreux. Voyage dans le nord du Brésil. P. 193.