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Ameriques apprennent à ces oyseaux à parler en leur langue, comme à demander de la farine, qu’ils font de racines : ou bien leur apprennent le plus souuent à dire et proferer qu’il faut aller en guerre contre leurs ennemis, pour les prendre, puis les manger et plusieurs autres choses. Pour rien ne leur dôneroient des fruits à mâger, tant aux grands qu’aux petis : car telle chose (disent ils) leur engendrêt un ver, qui leur perce le cœur. Abodâce de perroquets en l’Amerique. Il y a multitude d’autres perroquets sauuages, qui se tiennent aux bois, desquels ils tuent grande quâtité à coups de flesches, pour mâger. Et font ces perroquets leurs nids[1] au sommet des arbres, de forme toute ronde, pour crainte des bestes piquantes. Depuis quel têps auons eu cognoissance des perroquets. Il a esté un temps que ces oyseaux n’estoient congneuz aux anciês Romains et autres païs de l’Europe, sinon depuis (comme aucûs ont voulu dire) qu’Alexandre le Grand enuoya son lieutenant Onesicrite en l’isle Trapobane, lequel en apporta quelque nombre : et depuis se multiplierent si bien, tant au païs de Leuant qu’en Italie,

    portait une Brésilienne à son perroquet : « Aussi ceste femme sauuage l’appelant son Chérimbané, c’est-à-dire, chose que i’aime bien, le tenoit si cher que quand nous le lui demandions a vendre, et que c’est quelle en vouloit, elle respondoit par moquerie, moca-ouassou, c’est-à-dire, une artillerie, tellement que nous ne le sceusmes iamais auoir d’elle. » Gandavo (Santa Cruz. P. 85) rapporte qu’ils préféraient un perroquet apprivoisé à deux ou trois esclaves.

  1. Léryxi) s’inscrit en faux contre ce passage : « Ayant veu le contraire en ceux de la terre du Brésil, qui les font tous en des creux d’arbres, en ronds et assez durs, i’estime que c’a esté une faribole et conte fait à plaisir par l’auteur de ce livre. »