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incontinêt vostre bônet ou chappeau, et l’ayant mis sur leur teste quelquefois plusieurs l’un après l’autre, se regardent et admirêt, auec quelque opinion d’estre plus beaux. Les autres prendront vostre dague espée, ou autre cousteau si vous en auez, et auec ce menasserôt de parolles et autres gestes leurs ennemis : bref ils vous recherchêt entièrement, et ne leur faut riê refuser, autremêt vous n’en auriés seruice, grâce, ne amitié quelconque : vray est qu’ils vous rendêt voz hardes. Autât en font les filles et femmes plus encore flatteresses que les hommes, et tousiours pour tirer à elles quelque chose. Bien vray qu’elles se contentent de peu. Elles s’en viendront à vous de mesme grâce que les hommes, auec quelques fruits, ou autres petites choses, dot ils ont accoustumé faire presens, disans en leur langue, agatouren, qui est autant à dire comme tu es bon, par manière de flatterie : eori asse pia, monstre moy ce que tu as, ainsi desireuses de quelques choses nouuelles, côme petits mirouêrs, patenostres de voirre : aussi vous suyuent à grand troppes les petis enfans, et demâdent en leur lâgage, hamabe pinda, dône nous des haims, dont ils usent à prendre le poisson. Et sont bien appris à vous user de ce terme deuant dit agatouren, tu es bon, si vous

    xviii). « L’un ayant pris mon chapeau qu’il mit sur sa teste, l’autre mon espée et ma ceinture qu’il ceignit sur son corps tout nud, l’autre ma casaque qu’il vestit : eux di-ie, m’estourdissant de leurs crieries et courans de ceste façon parmi leurs villages avec mes hardes, non seulement ie pensois auoîr tout perdu, mais aussi ie ne sauois où i’en estois. »