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rable que des Arabes et Tartares, qui ne bastissent iamais maison permanente, mais errent çà et là comme vagabons : toutesfois ils se gouuernent par quelques loix : et noz Sauuages n’en ont point, sinon celles que nature leur a données. Ces Sauuages donc en ces maisonnettes, sont plusieurs ménages ensemble, au milieu desquelles chacû en son quartier, sont pêdus les licts à pilliers, forts et puissants, attachés en quarmre, lesquels sont faits de bon cottô, car ils en ont abondance, Arbres qui portent le cotton. que porte un petit arbre[1] de la hauteur d’un homme, à la semblâce de gros boutô comme glas : differans toutesfois à ceux de Cypre, Malte et Syrie. Lesdits licts ne sont point plus espes qu’un linceul de ce païs : et se couchent là dedans tous nuds, ainsi qu’ils ont acoustumé d’estre. Iny. Manigot. Ce lict en leur langue est appelé Iny[2], et le coton dont il est fait, Manigot. Des deux costez du lict du maistre de la famille, les femmes luy font du feu le iour et la nuit : car les nuits sont aucunement froides. Chacun ménage garde et se reserue une sorte de fruit gros

  1. Léry. § xiii : « Quant aux arbres portans le cotton, lesquels croissent en moyenne hauteur, ïl s’en trouue beaucoup en ceste terre du Brésil : la fleur vient en petites clochettes iaunes… mais quand le fruict est formé il a non seulement la figure approchante de la feine des fosteaux de nos forests, mais aussi quand il est meur, se fendant ainsi en quattre, le cotton en sort par tonneaux ou floquets gros comme esteuf : au milieu desquels il y a de la graine noire, etc. » — Cf. Description analogue dans H. Staden. P. 321.
  2. Sur les inys ou hamacs, V. Description de Léry. § xiii. — Thevet. Cosm. univ. P. 929.