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mélange de recherche archaïque et de naïveté gauloise qu’elle plaira toujours aux lecteurs, mais, disons-le tout de suite, Thevet ne fut jamais un maître en l’art d’écrire. Il dit simplement ce qu’il pense, avec une précision très suffisante, mais sans élégance et surtout sans émotion. De plus, sa phrase est à chaque instant coupée par quelque citation qui l’allourdit et l’embarrasse. Il ne connaît pas l’usage des alinéas ; il semble croire que plus une période est longue, plus elle est majestueuse. Mais ce sont là des taches légères, plutôt celles de l’époque que celles de l’écrivain. Le livre de Thevet se lit couramment, malgré les défauts que nous venons de signaler, et, d’ailleurs, les matières traitées sont si curieuses et si neuves que le fond l’emporte toujours sur la forme. Aussi bien Thevet n’a jamais recherché la réputation d’écrivain. Il ne voulait que satisfaire la curiosité des savants, et il y a pleinement réussi. Sans les Singularitez de la France Antarctique, une foule de particularités précieuses sur l’Amérique n’auraient pas été préservées de l’oubli. Quand nous aurons fait la part de la fantaisie, nous trouverons que celle de la réalité est encore fort considérable, et nous comprendrons que des hommes éminents n’aient pas hésité à lui donner leur approbation.

Les ouvrages de Thevet, sa réputation de voyageur,