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niês cômanda espressemêt ainsi qu’escrit Seneque[1], qu’après sa mort son corps fust ietté en la mer. Les autres, que leurs corps fussent bruslez et réduits en cèdre. Ce pauure peuple quelque brutalité ou ignorâce qu’il ait, se monstre après la mort de son parent ou amy sans côparaison plus raisonnable que ne faisoyent anciennement les Parthes[2], lesquels auec leurs loix telles quelles au lieu de meure un corps en honorable sépulture, l’exposoient comme proie aux chiens et oyseaux. Les Taxilles à semblable iettoyent les corps morts aux oyseaux du ciel, comme les Caspiens aux autres bestes. Les Ethiopiens iettoient les corps morts dedans les fleuues. Les Romains les bruloient et reduisoient en cendre, comme ont fait plusieurs autres nations. Par cecy peut l’on cognoistre que noz Sauuages ne sont point tant denués de toute honnesteté qu’il n’y ait quelque chose de bon, considéré encore que sans foy et sans loy ils ont cest aduis, c’est à sçauoir autant que nature les enseigne. Ils mettent donc leurs morts en une fosse, mais tous assis, comme desia nous auons dit, en manière que faisoient anciennement les Nasamones[3]. La sepulture des corps approuuée par la Sainte Escriture et pourquoy. Or la sépulture des

  1. Cf. Plutarque. Lycurgue. § 42.
  2. Ce sont les Perses plutôt que les Parthes qui avaient adopté ce singulier genre de sépulture : Zoroastre, leur législateur, l’avait expressément recommandé. Voir Zend Avesta. Passim. — Les derniers sectateurs de cette religion, les Parsis ou Guèbres, suivent encore cet usage. Voir Tour du Monde. n° 328.
  3. Hérodote, IV, 190 : « Les Nasamons enterrent leurs morts assis, prenant bien garde, quand l’âme de l’un d’eux s’échappe, de le mettre sur son séant, et de ne point le laisser mourir étendu sur le dos. »