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auec les dents en tous endroits, qu’ils se peuuent rencontrer, et par les leures qu’ils ont pertuisées : monstrans quelquefois pour intimider leurs ennemis, les os de ceux qu’ils ont vaincus en guerre, et mangez : bref, ils emploient tous moyens pour fascher leurs ennemis. Vous verriés les uns emmenez prisonniers, liez et garrotez comme larrons. Et au retour de ceux qui s’en vont en leur païs auec quelque signe de victoire, Dieu sçait les caresses et hurlemens qui se font. Les femmes suiuêt leurs maris à la guerre, nô pour côbattre, côme les amazones, mais pour leur porter et administrer viures, et autres munitions requises à telle guerre : car quelquesfois ilz font voyages de cinq et six moys sans retourner. Et quand ils veulent departir pour aller en guerre, ils mettent le feu en toutes leurs loges, et ce qu’ils ont de bon, ils le cachent soubs terre iusques à leur retour. Qui est plus grand entre eux, plus a de femmes à son seruice. Farine de racines, viure des Sauuages. Leurs viures sont tels que porte le païs, farines de racines[1] fort delicates, quand elles sont recentes : mais si elles sont quelque peu enuieillies elles sont autant plaisantes à manger, que le son d’orge ou d’auene : et au reste chairs sauuagines, et poisson, le tout seiché à la fumée. On leur porte aussi leurs licts de cotton, les hommes ne portans rien que leurs arcs, et fleches à la main. Armes des Sauuages. Leurs armes

    fendue, et la tirent à eux. » Une des planches de l’ouvrage rend cet épisode avec une naïveté sinistre.

  1. Léry. § ix. — Hans Staden. P. 251. — Gandavo. P. 55. — Osorio. De rebus Emmanuelis. ii, 49.