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d’huy par delà sont deuenus merueilleusement frians de ceste herbe et parfun : combien qu’au commencement l’usage n’est sans danger auant que l’on y soit accoustumé : car ceste fumée cause sueurs et foiblesses, iusques à tomber en quelque syncope : ce que i’ay experimenté en moymesme. Et n’est tant estrâge qu’il semble, car il se trouue assés d’autres fruits qui offensent le cerveau, combien qu’ils soyent delicats et bons à manger. Lynceste, fonteine, et sa proprieté. Pline[1] recite qu’en Lynceste a une fonteine, dont l’eau enyure les personnes : semblablement une autre en Paphlagonie. Quelques-uns penseront n’estre vray, mais entierement faux, ce qu’auons dit de ceste herbe, comme si nature ne pouuoit donner telle puissance à quelque chose sienne, bien encore plus grande, mesme aux animaux selon les contrées et regions, pourquoy auroit elle plus tost frustré ce païs d’un tel benefice temperé sans comparaison plus que plusieurs autres ? Et si quelqu’un ne se contentoit de nostre tesmoignage, lise Herodote, lequel en son second liure fait mentiô d’un peuple d’Afrique viuant d’herbes seulement. Appian recite que les Parthes bannis et chassez de leur païs par M. Antoine ont vescu de certaine herbe

    tales) que les Castillans, qui avaient contracté l’habitude du tabac, ne pouvaient plus s’en défaire : Espanoles cognosci yo en esta isla Espanola que los acostûmbraron â tomar que siendo reprendidos por ello disciendeseles que a quello era vicio, respondrais que no era en su mano dejarlos de tomar. »

  1. Pline. H. N. n. 106 : « Lyncestis aqua, quæ vocatur acidula, vini modo temulentos facit. Item in Paphlagonia. »