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ne croirez d’oresnauant l’opinion cômune et façon de faire des peintres, auxquels est permise une licence grande de peindre plusieurs choses à leur seule discrétion, ainsi qu’aux Poètes de faire des comptes. Que s’il aduient une fois entre les autres qu’un enfant sorte ainsi velu du vètre de la mère, et que le poil se nourisse et augmète par tout son corps, côme l’on en a veu aucuns en France, cela est un accident de nature, tout ne plus ne moins que si aucun naissoit auec deux testes, ou autre chose semblable. Ce ne sont choses si admirables, considéré que les médecins et philosophes en peuuent donner la raison. Monstre de forme humaine couuert d’escailles. I’en ay veu un en Normandie couuert d’escailles, comme une carpe. Ce sont imperfections de nature. Ie confesse bien, mesme selon la glose sur le treziesme d’Esaie, qu’il se trouue certains monstres ayats forme a homes, qu’ils ont appeliez Satyres, vivants par les bois, et velus comme bestes sauuages. Et de cela sont pleins les escrits des poètes, de ces Satyres, Faunes, Nymphes, Dryades, Hamadryades, Oreades, et autres manières de monstres, lesquels ne se trouuêt auiour d’huy, ainsi comme le têps passé, auquel l’esprit malin s’efforçoit par tous moyens à deceuoir l’hôme, se transformant en mille figures. Mais auiourd’huy, que nostre Seigneur par compassiô s’est cômuniqué à nous, ces esprits malings ont esté chassez hors, nous donnant puissance côtre eux, ainsi que tesmoigne la Sainte escripture. Aussi en Afrique[1] se peuuêt encores

  1. Il n’y a pas plus de monstres en Afrique qu’ailleurs : Pourtant le proverbe est vrai, in Africa semper aliquid novum.