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comme un teston, mais plus espesses et plus grosses, de couleur rougeastre : que l’on diroit à les voir qu’elles sont artificielles. Les gens du pais n’en tiennent conte. Toutesfois les Espagnols par singulière estime les emportent en leur pais, et les femmes et filles de maison en portent coustumierement à leur col enchassés en or, ou argent, ce qu’ils disent auoir vertu contre la colique, douleur de teste, et autres. Bref, ce lieu est fort plaisant et fertile. Et si l’on entre plus auant, se trouue un plat pais couuert d’arbres autres que ceux de nostre Europe : enrichy dauentage de beaux fleuues, auec eaux merueilleusement cleres, et riches de poisson. Entre lesquels i’en descriray un en cest endroit, môstrueux, pour un poisson d’eau douce, autât qu’il est possible de voir, ainsi que la figure suiuante le demonstre. Ce poisson est de grandeur et grosseur un peu moindre que nostre harenc, armé de teste en queue, côme un petit animal terrestre nommé Tatou, la teste sans comparaison plus grosse que le corps, ayant trois os dedâs l’eschine, bon à manger, pour le moins en mangent les Sauuages, et le nôment en leur langue, Tamouhata.