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point d’eau douce que bien loing delà, que nous empescha d’y faire plus lôg séiour, et bastir dont nous fùsmes fort faschez, côsideré la bonté et aménité du pais. Rivière d’eau salée. En ce lieu se trouue une riuiere d’eau[1] salée, passant entre deux montagnes elongnées l’une de l’autre d’un iect de pierre : et entre au païs enuiron trente et six lieues. Ceste riuière porte grande quantité de bon poisson de diuerses espèces, principalement gros mulets : tellement qu’estans la nous veimes un sauuage qui print de ce poisson plus de mille en un instant et d’un traict de filet. Oyseaux de divers plumages. Dauantage s’y trouuent plusieurs oyseaux de diuerses sortes et plumages, aucuns aussi rouges que fine esclarlatte : les autres blancs, cendrez, etmouchetez, comme un emereillon. Et de ces plumes les Sauuages du païs font pennaches de plusieurs sortes, desquelles se couurent, ou pour ornemët, ou pour beauté, quâd ils vont en guerre, ou qu’ils font quelque massacre de leurs ennemis : les autres en font robes et bonnets à leur mode[2]. Robe faite de plumages, apportée d’Amérique. Et qu’ainsi soit, il pourra estre veu par une robe ainsi faite, de laquelle i’ay fait présent à Monsieur de

  1. Ce que Thevet prenait pour une rivière n’était qu’un des nombreux golfes qui creusent profondément la côte brésilienne depuis le cap Frio.
  2. Ferdinand Denis. De arte plumaria. Margravius. De vestitu et ornatu vivorum et mulierum Brasiliensium. Ces splendeurs de l’industrie Indienne ne sont pas encore complètement effacées. On les retrouve encore sur le Haut-Amazone parmi les Ticunas et les Mundurucus. Voir Osculati. Exploratione delle Regioni equatoriali. 1854. — Debret et Castelnau. Expédition dans les parties centrales de l’Amérique du Sud.