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camisole de ionc ou cottô, qui leur sont portées d’ailleurs. Ils ne font si grande traffique de bestial qu’en la Barbarie. Il y a peu de fruits, pour les siccitez et excessiues chaleurs : car ceste region est en la zone torride. Ils viuent fort long aage, et ne se monstrent caduques tellement qu’un homme de cent ans, ne sera estimé de quarante. Toutesfois ils viuent de chairs de bestes sauuages, sans estres cuittes ne bien preparées. Ils ont aussi quelque poisson, ouitres en grande abondance, larges de plus d’un grand demy pied, mais plus dangereuses à manger, que tout autre poisson. Elles rendent du ius semblable au laict : toutesfois les habitas du païs en mangent sans danger : et usent tant d’eau douce que salée. Ils font guerre coustumierement contre autres nations : leurs armes sont arcs et flesches, comme aux autres Ethiopes et Africains. Les femmes de ce païs s’exercent à la guerre, ne plus ne moins que les hommes. Et si portent la pluspart une large boucle de fin or[1], ou autre metal aux oreilles, leures, et pareillement aux bras. La Guinée mal aerée. Les eaux de ce païs sont fort dangereuses, et est aussi l’air insalubre : pour ce à mon aduis, que ce vent du midy chaud et humide y est fort familier, subiet à toute putrefaction : ce que nous experimenterons encore bien par deça. Et pource ceux qui de ce païs ou autre mieux temperé, vont à la Guinée, n’y

  1. L’usage s’est perpétué : Voir dans les Croisières à la côte d’Afrique par l’amiral Fleuriot De Langle. (Tour du Monde. 09 676) le portrait de la favorite.