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se refuse encore à admettre la justesse de son calcul.

Il y avait au fond de sa douleur une sorte d’étonnement naïf, une incroyable surprise de ce qui lui arrivait aujourd’hui. Jamais il n’avait imaginé que cette guerre pût avoir une influence sur le cours de sa destinée. Pour la première fois de sa vie, il sentait son bonheur, sa chance menacés. Il jouait avec la Fortune une partie qu’il gagnait toujours. La constance de cette réussite, il l’attribuait à sa propre volonté, assuré que de fermes desseins sont plus forts que les complots du hasard. La Fortune trichait au jeu en s’attaquant à son fils.

Soudain son cheval s’arrêta net, dressa l’oreille, huma le vent comme une bête qui s’oriente, et poussant un hennissement joyeux, l’emporta au galop derrière une butte de sable.

Une ferme dynamitée dressait là ses murs solitaires.

— C’est toi, Piet-Rétif ? fit une voix.

En reconnaissant le jargon boer, la peur