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— Il n’y en a pas un, répondit Rebecca. Je lui suis bien reconnaissante ! »

Dans le fond de son cœur elle se disait : « C’est George Osborne qui a empêché mon mariage. » Aussi elle aimait George Osborne en conséquence.

Elle fit ses paquets de la meilleure grâce du monde, et accepta tous les jolis petits présents d’Amélia, après y avoir mis tout juste ce qu’il fallait d’hésitation et de résistance. Elle ne manqua pas de jurer à mistress Sedley une éternelle reconnaissance, tout en se gardant bien d’importuner cette bonne dame qui se trouvait un peu décontenancée et avait l’air de vouloir l’éviter. Elle baisa la main de M. Sedley, et lui demanda la permission de le considérer à l’avenir comme son meilleur ami, son plus sûr protecteur. Il y avait quelque chose de si touchant dans toute sa personne, que M. Sedley fut sur le point de lui donner un mandat de vingt livres. Mais il réprima sa sensibilité, et comme la voiture l’attendait pour l’emmener dîner, il s’éloigna en jetant à Rebecca un : « Dieu vous protége, mon enfant ! Vous aurez toujours ici une place quand vous viendrez à la ville ; ne l’oubliez pas… James, à Mansion-House. »

Enfin arriva le moment de la séparation pour les deux amies.

Après une scène où l’une prit son rôle au sérieux et l’autre le joua en comédienne accomplie ; après les plus tendres caresses, les larmes les plus pathétiques, où le flacon à vinaigre ainsi que les meilleurs sentiments du cœur purent trouver leur place, Rebecca et Amélia se séparèrent, la première jurant à son amie de l’aimer toute sa vie et encore au delà.




CHAPITRE VII.

Crawley de Crawley-la-Reine.


Parmi les noms en C les plus respectés inscrits sur l’Annuaire de la cour, l’an de grâce 18…, était celui de Crawley (sir Pitt), baronnet, Great-Gaunt-Street et Crawley-la-Reine dans le Hants.