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de ses vues sur quelques points d’une haute gravité, dans lesquels mistress Becky avait acquis une certaine force lors de son premier séjour à Crawley-la-Reine. Non-seulement elle avait lu mais encore étudié certaines brochures dogmatiques ; elle faisait, en outre, des gilets de flanelle pour les sauvages de Quashyboo, des bonnets de coton pour les Indiens de Cocoanut ; elle peignait des écrans pour l’œuvre de la conversion du pape et des juifs, et assistait à tous les sermons et à tous les offices de sa chapelle ; mais, hélas ! tant de zèle devait finir par être sans résultats pour elle. Mistress Newbright ayant eu occasion de correspondre avec la comtesse de Southdown, au sujet de la fondation de la société de la Bassinoire, pour la conversion des insulaires de Freejoe, elle reçut, à propos de certains éloges qu’elle donnait dans une lettre de sa chère amie mistress Rawdon Crawley, une réponse de la comtesse douairière, où celle-ci lui communiqua des détails qui firent cesser toute espèce de rapports entre mistress Newbright et mistress Crawley. Toutes les personnes graves de Tours, — ce fut là que Becky eut à essuyer ces désagréments ! — évitèrent dès lors comme la peste la société de cette réprouvée.

Nulle part Becky ne réussissait à former un établissement durable. Ses efforts avaient toujours le même et triste sort. De Boulogne, elle avait été à Dieppe, de Dieppe à Caen, de Caen à Tours. Partout elle avait tenté de s’entourer de considération, et partout il lui avait fallu un beau matin déguerpir et prendre la fuite devant les vautours acharnés à sa ruine.

Au milieu de ses courses aventureuses, Becky avait fait la connaissance d’une certaine mistress Hook Eagles, qui jouissait d’une réputation irréprochable et d’une maison dans Portman-Square. Elle habitait un hôtel de Dieppe au moment où Becky était venue y chercher un refuge. Ce fut à la mer que ces deux dames se virent pour la première fois. Après avoir nagé côte à côte, elles se retrouvèrent dans la même position à la table d’hôte de l’hôtel. Comme tout le monde, mistress Eagles avait entendu parler de l’affaire de lord Steyne, et en cela elle en était au même point que tout le monde. Mais à la suite d’une conversation avec Becky, elle déclara que mistress Crawley était un ange, son mari un gredin, lord Steyne un vieux débauché, sans foi ni loi, comme c’était, du reste, connu de tout le monde, et qu’enfin toute cette affaire n’était qu’une infâme