Acte II, Scène VII.
EUCLION, CONGRION.
EUCLION, seul.
J’ai voulu faire un effort, et me régaler pour la noce de ma fille. Je vais au marché ; je demande. Combien le poisson ? trop cher. L’agneau ? trop cher. Le bœuf ? trop cher. Veau, marée, charcuterie, tout est hors de prix. Impossible d’en approcher ; d’autant plus que je n’avais pas d’argent. La colère me prend, et je m’en vais, n’ayant pas le moyen d’acheter. Ils ont été ainsi bien attrapés, tous ces coquins-là. Et puis, dans le chemin, j’ai fait réflexion : quand on est prodigue les jours de fête, on manque du nécessaire les autres jours ; voilà ce que c’est que de ne pas épargner. C’est ainsi que la prudence a parlé à mon esprit et à mon estomac ; j’ai fait entendre raison à la sensualité, et nous ferons la noce le plus économiquement possible. J’ai acheté ce peu d’encens et ces couronnes de fleurs ; nous les offrirons au dieu Lare, dans notre foyer, pour qu’il rende le mariage fortuné. Mais que vois-je ? ma porte est ouverte ! Quel vacarme dans la maison ! Malheureux ! est-ce qu’on me vole ?
CONGRION, de l’intérieur de la maison.
Va demander tout de suite, chez le voisin, une plus grande marmite. Celle-ci est trop petite pour ce que je veux faire.
EUCLION.
Hélas ! on m’assassine. On me ravit mon or, on cherche