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palmier, pour conduire lès-chariots et carrosses des dieux. Celles des provinces sont aussi d’or, plus propres aux choses et statues qu’aux hommes, étant trop grandes pour leurs têtes. Mais l’Église de Jésus-Christ est le nom de ton ordre, et de ton magistrat, voire le nom de ta cour. Tu es l’Église, étant écrit aux livres de vie : « C’est là où est ta pourpre, » savoir le sang de notre Seigneur. Ton laticlave est en sa croix ; la cognée est mise au pied de l’arbre ; c’est là où est la verge qui est sortie de la racine de Jessé. Que le monde voie aux triomphes ses chevaux publics avec leurs couronnes. Ton Seigneur n’avait pas un âne qui fût à lui lorsque, suivant l’Écriture, il voulut entrer en Jérusalem. Que ceux-ci se pompent en chariots ou chars triomphants ; que ceux-là se bravent en chevaux, mais nous invoquerons Dieu au nom de Jésus-Christ notre Dieu et notre Seigneur. Dans l’Apocalypse de saint Jean, nous devons non-seulement nous éloigner de la pompe et de la vanité de la Babylone, mais aussi de la demeure et habitation de celle-ci. Aussi le menu peuple se couronne quelquefois pour réjouissance de ce qui est propre aux solennités de chaque contrée ; et la lasciveté et débauche est ce qui est la cause de toutes les publiques allégresses. Mais tu es étranger de ce monde, et citoyen de la Jérusalem céleste. « Nous avons, dit-il, notre bourgeoisie au ciel. « Tu as là tes rôles où les chrétiens sont écrits, tu as ton calendrier des fêtes ; tu n’as rien de commun avec ces joies du monde. Tu dois faire tout le contraire ; car le monde se réjouira, et vous pleurerez. « Aussi, dit-il, se croient-ils heureux les pleureurs, et non les couronnés. » Les époux portent couronnes le jour de leurs noces. Voilà pourquoi nous ne contractons point mariage avec les païens, afin qu’ils ne nous mènent à l’idolâtrie, par laquelle les noces commencent entre eux Tu en as la loi des patriarches. Tu as l’apôtre qui te commande de te marier par le Seigneur. Quand on a affranchi le serf, on le couronne, mais tu es déjà affranchi et racheté par Jésus-Christ, et, certes, à grand prix. Comment est-ce que le monde donnera sa liberté au serf d’autrui ?